Expositions en cours
Rachel Labastie : Mes recherches : une quête d’interconnexion et de mémoire
Dans mon travail, je cherche à révéler les liens invisibles qui nous unissent les uns aux autres, mais aussi à notre environnement et à l’univers. Chaque oeuvre que je crée explore l’idée d’une interconnexion fondamentale, où l’humain, la nature et les éléments dialoguent en permanence. Je suis fascinée par la porosité des frontières entre ces mondes, et je m’efforce de traduire cette interconnexion à travers des matériaux porteurs de mémoire et de transformation.
L’argile non séchée, le bronze oxydé, le verre ou la céramique sigillée sont autant de médiums que j’utilise pour exprimer l’éphémère et le durable, la fragilité et la force. L’argile, par exemple, conserve les empreintes de mes gestes, comme un témoignage vivant du passage du temps. Le bronze, avec ses patines naturelles, incarne une transformation continue, une alchimie entre matière et temporalité. Ces matériaux, chargés d’histoire et de métaphores, deviennent le langage par lequel je raconte la complexité des relations humaines et notre interdépendance avec le monde.
Dans mon projet de tapisseries Scènes d’intérieurs, les organes humains se transforment en racines et branches, brouillant les frontières entre l’intérieur et l’extérieur, entre le corps et la nature. Ces oeuvres interrogent notre capacité à nous percevoir comme une partie intégrante de l’écosystème, où chaque "fibre, chaque nerf, est lié à une racine ou une branche. Cette fusion organique reflète à mes yeux la fragilité humaine et notre connexion essentielle à la terre.
Les clous de fondation, en cours de production, incarnent un autre aspect de ma recherche : celui de la mémoire et du rituel. Inspirés des pratiques mésopotamiennes, ces objets gravés de poèmes rendent hommage aux bâtisseurs invisibles de nos sociétés : poètes, musiciens, aidants, artistes, chercheurs. À travers ces clous, je veux célébrer ces forces qui tissent des liens entre les générations, qui nous soutiennent face au chaos et qui reconstruisent notre humanité. Lors de ma performance Activation des clous, j’explore cette idée en mêlant chant médiéval et glossolalie, une langue inventée, pour créer une expérience où le passé rencontre le présent, où la tradition se réinvente dans une création contemporaine.
Enfin, mon projet Vénus aux pierres illustre une réflexion sur la transformation et l’interdépendance entre l’humain et le minéral. Cette "figure fragmentée, entourée de volumes en céramique inspirés des pierres corporelles, raconte l’histoire d’un corps à la fois éphémère et durable, en dialogue constant avec son environnement.
À travers mes recherches, je m’efforce de révéler ces connexions profondes, ces échos entre visible et invisible, entre tangible et spirituel. Mon travail est une invitation à reconsidérer nos liens avec le monde, à honorer les forces qui nous soutiennent, et à embrasser la magie des métamorphoses qui nous façonnent en permanence.
Rachel Labastie par Helène Gheysens (extraits)
Rachel Labastie pense les liens, qu’ils s’attachent à la nature, aux objets ou aux humains, dans une perpétuelle mutation. « Loom of the Land » est, selon l’artiste « une sorte d’écho à l’acte de tisser, non seulement les tapisseries, mais aussi les liens entre les matériaux, les êtres, les récits et les émotions que j’explore dans mon projet. Le métier à tisser ²loom² symbole pour moi de la patience et la méticulosité de la création, tandis que the ² land², renvoie à la terre, cette matière primordiale qui m’accompagne constamment et porte en elle la mémoire, les origines et les connexions humaines. Ça exprime aussi l’idée que mes sculptures, performances et tapisseries sont comme des fils entrelacés, des fragments qui se rassemblent pour raconter une histoire universelle. Ce processus de tissage, au sens propre et figuré, évoque aussi les tensions et les transformations, mais aussi l’héritage et les ponts entre le passé et le présent. C’est comme une invitation à explorer ces connexions invisibles et ces cycles de création qui façonnent notre humanité et notre rapport au monde. Aussi c’est le titre d’une chanson de Nick Cave and the Bad Seeds. Une sorte de balade poétique qui raconte l’histoire d’un vagabond, qui parcourt le paysage en compagnie de sa bien-
Au Botanique, les Scènes d’intérieur mêlent nerfs et racines, fibres et branches, destin humain et croissance végétale. Vénus est incomplète, permettant à l’imagination de prendre le relais. Les Calculs produits par le corps deviennent joyaux, offrandes, pierres, susceptibles de dessiner de nouveaux paysages. Or, la représentation du paysage sous des apparences parfois innocentes est capable d’accueillir l’innommable en son sein, d’exprimer ce qui « aveugle, terrifie et fascine (…) mais aussi le désir, les croyances et la liberté » comme le souligne Pierre Wat dans Paysages, entre nature et histoire. Des forces, installation qui initie une conversation entre conscient et inconscient, dessine l’espace, l’ouvre et le restreint dans un même mouvement. Les mains signifient-
Cette impossibilité de figer la signification de la représentation est caractéristique de la définition qu’Aby Warburg donnait des images comme « dialectiques à l’arrêt ». Pour reprendre les mots de Georges Didi-
Rachel Labastie est une artiste française basée à Bruxelles. Reconnue pour ses sculptures et installations, Rachel Labastie explore des thèmes universels tels que l’interdépendance, la contrainte, la liberté et les tensions entre le social et l’individuel. Son travail repose sur une dualité constante, oscillant entre violence et soin, oppression et émancipation. Manipulant des matériaux comme l’argile crue, la porcelaine, le marbre, le grès, le chant et l’osier, elle mêle tradition artisanale et réflexions contemporaine pour interroger des notions telles que la mémoire, l’identité, le temps et la transformation.
Rachel Labastie interroge les mécanismes d’aliénation physique et mentale qui façonnent notre société à travers ses oeuvres. Elle célèbre aussi la résilience et le potentiel de transformation en convoquant la temporalité et l’impermanence grâce à des matériaux «vivants». Ses créations révèlent un dialogue entre contraintes et libérations, transformant objets et récits en vecteurs de réflexion sur le lien, le vivant, la liberté et la résistance face à la brutalité du monde.
Représentée par la Galerie Analix Forever à Genève et la Galerie La Forest Divonne à Bruxelles, le travail de Rachel Labastie est présent dans de nombreuses collections, dont celles des Musées royaux de Belgique, du MUDAC de Lausanne, du Château de Nyon et du Musée d’art et d’histoire de Fribourg en Suisse. En France, elles figurent dans les collections du Fonds National d’Art Contemporain, du Frac Aquitaine – Méca, et du Frac Grand-
Exposition du 04 septembre au 26 octobre 2025. Botanique – Les Serres, 236 rue Royale – 1210 Bruxelles. T. +32 21 83 732. Ouverture du mercredi au dimanche de 12h à 18h. Entrée libre.
© ArtCatalyse International / Marika Prévosto 2025. Tous droits réservés