Archives 2ème semestre 2023

Ali Cherri et Guillaume Dénervaud

Institut Suisse, New York (Etats-Unis)

13.09.2023 - 07.01.2024

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Communiqué de presse

Ali Cherri : Humble, calme et apaisant comme la boue

L’Institut Suisse présente Humble and quiet and calming as mud, la première exposition personnelle d'Ali Cherri aux États-Unis, qui se concentre sur la boue en tant que matériau primordial de la civilisation dans les mythes de la création, les artefacts culturels et l'écologie.

De l’ancienne mythologie sumérienne au folklore juif, des mythes de création maoris et chinois à la cosmogonie hindoue et yoruba, l’humanité a été maintes fois racontée comme étant originaire de la boue. Les maisons, pots et autres récipients en argile ont joué un rôle déterminant dans les débuts des sociétés, car ils étaient utilisés pour cuisiner, chauffer et rassembler la nourriture. C’est de la solution aqueuse recouvrant la Terre, là où l’eau et le sol se sont rencontrés, qu’ont émergé les premiers organismes unicellulaires, donnant naissance à toutes les créatures vivant sur Terre aujourd’hui.

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Au premier étage de l’exposition, une installation sculpturale récemment commandée est animée de manière fugace par une chorégraphie de lumières en mouvement, raconte le mythe de Gilgamesh dans une scène entourant le personnage légendaire avec d'autres personnages du poème épique. Dans la mythologie mésopotamienne, Enkidu, le rival devenu compagnon de Gilgamesh, est composé d'argile et d'eau pour aider le roi semi-mythique d'Uruk dans ses efforts pour atteindre l'immortalité. Les corps des sculptures de Cherri sont composés de boue, avec des masques et des fragments d’objets trouvés servant de visages. Cherri achète ces fragments sculpturaux aux enchères, où les prix fluctuent en fonction des désirs alternants pour les objets mis en vente, reflétant leur valeur économique en tant qu'artefacts culturels et leur puissance politique dans les récentes discussions sur les restaurations. Ces objets, souvent contrefaits puis passés clandestinement à l’étranger, sont moins pour Cherri une question d’authenticité culturelle que de perpétuation d’une tradition vécue – une libération de ces objets des griffes du temps archéologique. Pourtant, la boue est le matériau qui préserve le mieux les découvertes archéologiques. Quels souvenirs pourraient garder ses topographies changeantes ?

Au deuxième étage se trouve l'installation vidéo à trois canaux de Cherri Of Men and Gods and Mud (2022), pour laquelle il a reçu le Lion d'argent lors de la 59e exposition internationale d'art de La Biennale de Venise. Tournée au barrage de Merowe, sur le Nil, au nord du Soudan, la caméra suit un groupe de fabricants de briques alors qu'ils façonnent ces matériaux de construction essentiels à base de boue. La construction du barrage, la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, au début des années 2000, a entraîné le déplacement de plus de 50 000 personnes, des troubles sociaux, la destruction d’écosystèmes et la submersion de sites culturels et d’objets d’art. Dans l’installation vidéo de Cherri, la centrale électrique gargantuesque domine le travail manuel ardu des maçons, donnant lieu à un conte allégorique qui fusionne la terre et l’eau, la sécheresse et le déluge, la destruction et la création. À une époque où les conflits liés à l’eau et les déplacements de population provoqués par l’environnement sont croissants, le travail de Cherri fusionne les imaginaires esthétiques du passé et les catastrophes planétaires actuelles comme un portail vers l’émergence d’un avenir plus vivable.

Cette exposition est organisée par Stefanie Hessler, directrice, et Alison Coplan, conservatrice principale et responsable des programmes.

Ali Cherri (né à Beyrouth, Liban) est un cinéaste et artiste visuel basé à Paris. Son travail a récemment été exposé à la 15e Biennale de Sharjah, Sharjah (2023) ; la 5e Biennale de Kochi-Muziris, Inde (2022) ; La Biennale de Venise, Venise (2022) ; et Manifesta 13, Marseille (2020). En 2021, il effectue une résidence à la National Gallery de Londres et en 2022, il participe à l'exposition internationale d'art The Milk of Dreams, pour laquelle il reçoit le Lion d'argent du jeune talent émergent.

Guillaume Dénervaud : Ozoned Station

SI a le plaisir de présenter Ozoned Station, une exposition de Guillaume Dénervaud (né en 1987, Fribourg, Suisse). Les œuvres de Dénervaud sont souvent composées d’arrangements denses, quoique congrus, de motifs ambigus qui évoquent de la matière végétale, des pièces de machines ou des structures cellulaires. Ancrée par une séquence de peintures en forme de passerelle, Ozoned Station présente des visions de systèmes et d'environnements qui effacent les distinctions entre l'organique et le construit, le microscopique et le galactique, le futur et le passé. Composée de nouvelles œuvres, cette exposition est la première de l’artiste dans une institution américaine.

Les techniques de construction du monde utilisées dans les films et la littérature fantastiques et de science-fiction, notamment dans les œuvres de Mark von Schlegell, Renee Gladman et Hayao Miyazaki, intéressent Dénervaud, dont les peintures et dessins font souvent allusion au transfert d'énergie et au développement des formes de vie, ou à la vie qui pourrait se régénérer après une catastrophe. Pour développer ces fantaisies bio-machiniques, Dénervaud utilise des pochoirs de dessin architectural désormais rendus obsolètes par les programmes de conception assistée par ordinateur, appliquant des couleurs vives via des pigments fabriqués à partir d'exosquelettes d'insectes, de minéraux et de plantes, entre autres matériaux organiques.

L'exposition invite les visiteurs à s'attarder et à contempler ses réseaux kaléidoscopiques, dont chacun possède une harmonie qui suggère une inertie onirique. Les personnages apparaissent rarement dans l’œuvre de Dénervaud et lorsqu’ils le font, ils sont généralement suspendus dans l’appareil représenté. Dans Ozoned Station, chaque tableau offre l’opportunité de se laisser submerger par des cycles de croissance inconnus.

Guillaume Dénervaud (né en 1987, Fribourg, Suisse) vit et travaille à Paris. Il a étudié à l'École des arts appliqués de Genève et à la HEAD de Genève. Dénervaud a participé au programme de résidence du Swiss Institute à New York en 2021. Son travail fait partie des collections de l'ICA, Miami, du MAMCO, Genève et du Musée d'art moderne de Paris.

Courtesy of Swiss Institute

Exposition du 13 septembre 2023 au 07 janvier 2024. Swiss Institute, 38 St Marks Pl - New York, NY 10003 (USA). T +1 212 925 2035. Ouverture du mercredi au vendredi de 14h à 18h, samedi de 12h à 20h, dimanche de 12h à 18h. Entrée libre.