« La tradition sâme repose sur la réciprocité, le respect et l’égalité de statut entre la nature et les hommes. Notre terre est souvent décrite comme une région sauvage ou un no man’s land. Je souhaite montrer qu’il s’agit d’un environnement culturel qui a évolué en coexistence avec tous les êtres vivants, y compris les humains. J’utilise le terme de « douceur radicale » pour décrire mes œuvres, car je pense qu’il est radical d’aimer, de souhaiter le bien, d’aider et de guérir. » —Outi Pieski
Outi Pieski est installée à Ohcejohka (Utsjoki), en Finlande, dans le nord de la Sápmi, une région géographique habitée par le peuple autochtone sámi depuis des millénaires, avant et au-delà des frontières nationales actuelles. Son travail met en lumière les questions liées à l'histoire, à la philosophie et à la culture sámi, ainsi que leur impact sur la vie sámi actuelle.
L'exposition au Malmö Konstmuseum est la plus importante qu'elle ait jamais réalisée en Suède. Elle présente une cinquantaine d'œuvres allant de la peinture, de la photographie et des textiles à la vidéo, au graphisme et aux installations, offrant un aperçu multidimensionnel de sa pratique.
Pour Outi Pieski, la création artistique est un acte profondément intime qui approfondit le lien avec le paysage et la nature, tant en nous qu'autour de nous. Du point de vue sámi, l'homme n'est pas au-dessus de la nature, mais en interdépendance : nous coexistons avec tous les êtres vivants dans un respect mutuel. La nature est perçue comme un système interconnecté dans lequel toutes les créatures, visibles et invisibles, sont liées et interdépendantes. Son travail s'inscrit dans la tradition artisanale sâmi du duodji, un concept holistique qui englobe les objets du quotidien, les vêtements et les bijoux, mais aussi la vision du monde sâmi. Interdits aux Samis de pratiquer leur spiritualité, ils ont préféré dissimuler les symboles spirituels dans leur artisanat. L'artisanat était un moyen d'exprimer leur résistance. Le duodji est une manière collective de créer, et cet acte renforce également les liens entre les individus, avec les générations précédentes et futures, et avec la nature. Pour Pieski, travailler avec le duodji est aussi une méthode de guérison des traumatismes transgénérationnels et un moyen de renforcer une relation originelle avec la terre et tous les êtres vivants. Elle utilise le concept de « douceur radicale » pour expliquer comment le duodji aborde la vulnérabilité, l'honnêteté, la sensibilité et la communauté.
Le titre de l'exposition, Eatnamastit, est issu de celui d'une nouvelle installation réalisée par Pieski spécialement pour l'exposition, et signifie s'ancrer dans la terre. L'environnement de sa région natale est un fil conducteur dans son art. Ses paysages incarnent ses propres expériences tout en partageant celles des générations précédentes.
Depuis l'obtention de son diplôme à l'Académie des Beaux-Arts d'Helsinki en 2000, Outi Pieski, née en 1973, a acquis une reconnaissance internationale. Parmi ses expositions les plus récentes, on compte des expositions personnelles à la Tate St Ives (2024), au Sámi Museum Siida (2023), au Bonniers Konsthall (2022) et à l'EMMA – Musée d'art moderne d'Espoo (2018), une participation à la GIBCA – Biennale internationale d'art contemporain de Göteborg (2023), à la 23e Biennale de Sydney (2022), à la 13e Biennale de Gwangju (2021) et au Pavillon finlandais de la 58e Biennale de Venise (2019), ainsi que des expositions collectives à la Tate Modern (2025), au MARKK, Hambourg (2023-2024), au Kiasma, Helsinfors (2022) et au Gropius-Bau, Berlin (2022).
Commissaires de l’exposition : Anna Johansson et Marcus Pompeius
Exposition du 05 juin au 26 octobre 2025. Malmö Konstmuseum, Malmöhusvägen 6 -205 80 Malmö (Suède). T +46 40 34 10 00. Ouverture du mardi au dimanche de 11h à 17h, le jeudi de 11h à 19h.
Outi Pieski, Rádjájohtin I/Pacing the Borders I, 2014. Acrylic paint and baize on canvas. Photo: Jussi Tiainen