Expositions à venir
Communiqué de presse
L’artiste franco-
Déployée sur trois étages, l'exposition Midnight Zone explore les écologies sous-
« L'eau n'est pas un paysage : elle est la condition de toute vie, la première peau de la Terre, le médium de notre devenir. » Julian Charrière
Dans Midnight Zone, Julian Charrière invite les visiteurs à penser et à ressentir l'eau : comme atmosphère, mémoire, mouvement et parenté. Dérivant entre descente sous-
Midnight Zone rassemble une série d'investigations fondamentales : des œuvres antérieures et de nouvelles commandes majeures retracent l'exploration de longue date de Charrière sur les seuils environnementaux. Déployée sur trois étages, l'exposition se concentre sur l'eau non pas comme motif, mais comme médium : la matière à travers laquelle les histoires sédimentent, les crises se déploient et les formes changent d'état. Le titre fait référence à la zone bathypélagique de l'océan, où la lumière du soleil disparaît et la vision s'affaiblit.
Dans le film éponyme Midnight Zone (2025), une lentille de phare de Fresnel – un dispositif destiné à guider à distance – est inversée et descendue dans les abysses. Filmée à l'aide d'un véhicule sous-
Ici, la lumière ne révèle pas ; elle fracture. L'œuvre flotte entre les rêves, éclairant les angles morts de notre quête de progrès. Dans Albedo (2025), filmé sous l'océan Arctique entre des icebergs, le regard se déplace à nouveau. Cette fois, le spectateur suit l'eau qui glisse entre l'état de solide, liquide et vapeur – une chorégraphie de changements de phase se déployant en temps réel. Plutôt que de représenter la fonte comme une catastrophe, le film résiste au sublime, offrant une étude du flux, des atmosphères et des absences. Il révèle la mer comme une sorte de pensée : illimitée, déstabilisante et impossible à contenir. La caméra flotte, recadre, libère. Il n'y a pas de perspectives fixes – seulement dérive, suspension, dispersion.
Ces deux films ancrent l'exposition qui se déploie tel un système hydrologique, évoluant entre états matériels, logiques spatiales et registres émotionnels. Avec Bâle et son histoire fluviale en toile de fond, Midnight Zone est en harmonie avec la présence politique et infrastructurelle de l'eau. Trait d'union entre glaciers et océans, le Rhin coule tranquillement sous le musée, à la fois vecteur d'échanges et filon sensible au climat.
Le son, lui aussi, se propage tel un courant à travers l'exposition – subtil, immersif et subaquatique – façonnant une expérience synesthésique qui invite le visiteur non seulement à regarder, mais aussi à écouter, à ressentir et à s'accorder à un autre mode de perception : celui d'une sensation proche du repos, d'une suspension, comme sous l'eau.
Cinéma, sculpture, photographie et installation, la pratique multidisciplinaire de Charrière est marquée par des projets immersifs ancrés dans un travail de terrain au sein de sites chargés d'écologie et de symboles – glaciers, volcans, zones d'essais nucléaires et écosystèmes sous-
Fusionnant observation scientifique et poésie spéculative, ses œuvres mettent en avant les paysages comme processus physiques, dépositaires de la mémoire et vecteurs de l'imaginaire culturel. Plutôt que d'illustrer directement les crises environnementales, Charrière crée des espaces où l'émerveillement et l'inquiétude cohabitent, permettant au spectateur d'expérimenter les contradictions et les tensions de notre condition contemporaine. Sa pratique explore les héritages coloniaux et extractivistes ancrés dans les actes d'exploration, la représentation du paysage et les technologies de la vision.
Dans l'exposition, les œuvres de l'artiste visent à offrir un mode de connaissance sensuel, une façon d'habiter les conditions liquides de notre planète. Ici, l'eau n'est pas considérée comme le théâtre d'un drame humain, mais comme un protagoniste. Elle est perçue comme une archive, un miroir, un solvant et un signal qui détient la mémoire des glaciers et des minéraux de demain. Il souhaite montrer comment elle relie notre respiration à la biosphère et révèle la fragilité d'un monde façonné par l'évaporation, la fonte et la sédimentation.
L'exposition nous rappelle que l'océan n'est pas l'opposé de la terre, mais sa condition préalable. L'humanité est suspendue à ses flux – biologiques, historiques et imaginaires.
Dans les œuvres présentées à Bâle, Charrière ne souhaite pas nous montrer la mer. Il entend la laisser parler, pulser et respirer à travers l'image, le son et une chorégraphie élémentaire. Le résultat n'est pas une représentation, mais une résonance : un état d'intimité atmosphérique, une invitation à observer à travers ses courants.
Exposition du 11 juin au 02 novembre 2025. Musée Tinguely, Paul Sacher-
Julian Charrière, Midnight Zone—85 Fathoms, 2024. © 2025 ProLitteris, Zürich and the artist
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