Arcadia

Fondation Bally, Lugano (Suisse)

29.05.2024 - 12.01.2025

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Communiqué de presse


L’Arcadie représente dans l’imaginaire collectif la région idyllique située en Grèce décrite entre autres par Virgile dans ses Bucoliques en 40 av. J.C. comme un lieu de quiétude, consacrée aux plaisirs de la nature et du chant. Les montagnes, la nature prospère, le microclimat et la douceur de vivre ont transformé le lieu en un synonyme d’idéal de vie, où la splendeur et l’harmonie d’une nature abondante transportent l’intimité et la poésie du jardin à l’échelle du paysage tout entier.


L’exposition Arcadia prend pour point de départ le modelage du territoire de la région suisse italienne du Tessin au cours du siècle dernier, explorant différents axes visant un idéal de bonheur qui intègre et développe le rapport à la nature.

































 


















































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Avec la démocratisation de l’automobile dans les années 1930, le Tessin est enfin relié de manière plus directe et rapide à la Suisse allemande par la route du Gothard, recevant le surnom de «Sonnenstube», la place au soleil. Cette région ensoleillée et accueillante attire désormais artistes et personnalités à l’époque où les jardins exotiques deviennent à la mode. De Morcote à Montagnola en passant par Lugano, du parc de la Villa Heleneum à ceux d’écrivains comme Hermann Hesse ou de grands collectionneurs d’art comme Hermann Arthur Scherrer ou encore de Peter Smithers, ancien agent secret du MI6, les jardins d’agrément se métamorphosent en oasis exotiques, mêlant souvenirs de voyage et romantisme. Le façonnage de ces espaces verts, souvent peuplés de plantes tropicales, engendre un processus de transformation qui dépasse le cadre du jardin privé, générant une sorte de ruban méditerranéen le long des rivages des lacs de la région. Une portion de l’espace préalpin devient peu à peu une sorte de «Riviera», où les frontières entre le jardin privé et le paysage lointain disparaissent : la flore exotique des jardins accueillant mandariniers de Chine, palmiers du Japon, Cycas revoluta d’Amérique centrale, eucalyptus d’Australie ou encore des glycines rares et autres espèces, s’étend à perte de vue. Comme l’écrit au début du XXe siècle le botaniste suisse Henry Correvon, grand spécialiste de la flore alpine, «dans le Tessin la végétation y revêt des formes si variées, si multiples, elle y est d’une exubérance si extraordinaire qu’elle nous arrache partout des cris d’admiration. C’est déjà l’Italie et pourtant encore la Suisse […]. C’est notre “Riviera”, notre Midi à nous, et combien paisible et plus pittoresque!»


Ces aménagements intègrent souvent des faux vestiges, des colonnades le long des lacs, des reproductions de sculptures antiques ou encore des grottes artificielles, conférant à ces jardins-paysages une dimension pittoresque remarquable.


C’est à travers cette juxtaposition d’éléments que se dessine une géographie narrative incarnant l’image d’un Sud idyllique, dont le palmier devient l’emblème. De l’exotisme à l’esthétique de la ruine, des palmiers tessinois aux palmiers californiens importés dans les années 1930 pour transformer le sud de la Californie en «littoral méditerranéen de l’Amérique» inspiré de la French Riviera - l’exposition collective Arcadia interroge la manière dont les artistes contemporains composent et font émerger de nouvelles architectures, des écosystèmes émotionnels. Comment ces derniers, jouant des frontières entre nature et artifice, chimère et réalité, construisent l’utopie d’un patrimoine fictif et immémorial.


L’exposition comporte une sélection de documents de l’Archive historique de la ville de Lugano.


Avec des œuvres de Yto Barrada, Vanessa Beecroft, Amélie Bertrand, Julius von Bismarck, Zuzanna Czebatul, Raphaël Emine, Hermann Hesse, Ittah Yoda, Mehdi-Georges Lahlou, Lisa Lurati, Marta Margnetti, Lou Masduraud, Adrien Missika, Gabriel Moraes Aquino, Amy O’Neill, Maxime Rossi, Mario Schifano, Julia Steiner, Batia Suter


Commissaire d’exposition : Vittoria Matarrese

























Julius von Bismarck, I like the flowers (Pandanus utilis), small, 2023, plantes pressées et séchées, montées sur plaques d'acier inoxydable. Photo : Roman März. Courtesy de l’artiste;  Sies + Höke, Düsseldorf ; VG Bild-Kunst, Bonn 2023

Julius von Bismarck, I like the flowers (Pandanus utilis), small, 2023, plantes pressées et séchées, montées sur plaques d'acier inoxydable. Photo : Roman März. Courtesy de l’artiste;  Sies + Höke, Düsseldorf ; VG Bild-Kunst, Bonn 2023

Exposition du 29 mai 2024 au 12 janvier 2025. Bally Foundation, Villa Heleneum, Via Cortivo, 24 - 6976 Lugano (Suisse). Ouverture du mercredi au vendredi de 11h à 18h, samedi & dimanche de 10h à 17h.










 





 



























 





 











Arcadia, Fondation Bally, Lugano (Suisse)

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En 2007, Michel Guérin évoquait la résidence en Grèce de l’artiste disparu « François Méchain, seul au centre du Péloponnèse et compagnon des reptiles, des grillons et des rapaces ; celui-ci a eu le temps de méditer sur une Arcadie, pays de l’ours (arkos), qui ne correspond guère à l’imagerie doucereuse que la littérature et la peinture ont forgée. Le 12 octobre 1991, à 13 heures, il compose une fable animalière, qui est aussi une table d’écoute du pays tout entier : la transparence de l’air est révélée par les hôtes du lieu, qui planent, rampent, filent dans les odeurs de soleil. De loin en loin ondulent des troupeaux, crépitent des aboiements de chiens, retentit l’appel des bergers. Le héros de cette histoire, c’est l’espace, qui vient à paraître lui-même, non pas comme le fond sur lequel s’inscriraient des figures, mais comme l’explosion fixe d’une énergie sans limites. »

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